Les chapiteaux historiés Jésus chez Simon le lépreux
Sur la troisième colonnette, à droite du portail maintenant, face à l’entrée, existe un deuxième chapiteau historié non dénué d’intérêt car très parlant. Observons attentivement. Nous sommes chez Simon le lépreux. Le Christ à la stature dominante donne l’impression d’occuper largement l’espace entre l’astragale et l’abaque ; il se tient derrière une planche ou le plateau d’une table ; la main gauche posée à plat. La position verticale du support sur lequel on va manger est surprenante. Le sculpteur primitif ne maîtrisait-il pas son art au point de commettre une aussi grossière faute de perspective ou bien au contraire a-t-il utilisé sciemment cet artifice afin de rendre bien visibles le poisson, le petit pain rond et le vase à boire très bien représentés au milieu d’autres objets ? Au bas de la corbeille, une femme penchée, Marie Madeleine assurément, vêtue de long, essuie au moyen d’un carré d’étoffe les pieds de Jésus ainsi largement occultés. Ce dernier est entouré de personnages dont l’allure est fruste, encore guindée ; les faciès sont rustres, animés heureusement grâce à la technique des yeux plombés ; les vêtements aux plis trop raides manquent de volume malgré une recherche naissante quant au positionnement. «Marthe servait et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui» nous dit l’apôtre Saint-Jean. Les deux personnages bibliques ont été naturellement placés respectivement à gauche et à droite du Christ. Judas debout et capé, ses membres inférieurs étrangement posés, semble se cacher sur une autre partie du chapiteau. De sa main gauche, doigt pointé, il reproche l’usage d’un parfum très cher utilisé pour oindre les pieds de Jésus ; de la main droite, il serre fortement contre sa poitrine la bouse mentionnée par l’évangile.
Source : Gérard JEAN, Saint-Martin de Limoux, Une cathédrale éphémère.
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