Pieusse - 11 - Tombeau du poète Joseph Delteil (1894-1978)

Delteil [Joseph]. Villar-en-Val (Aude), 20 avril 1894 - Montpellier (Hérault), 12 avril 1978. Fils de Jean-Baptiste Delteil, agriculteur, et de Madeleine Sarda. Marié le 15 décembre 1937 à Caroline Dudley. Collège Saint-Stanislas à Carcassonne. Joseph Delteil était chevalier de la Légion d’honneur.
OEUVRES : Le Cœur grec, poème couronné par l’Académie française (1919) ; Le Cygne androgyne (1921) ; Sur le fleuve Amour (1922) ; Choléra (1923) ; Les Cinq Sens (1924) ; Jeanne d’Arc, Prix Fémina 1925 (1925) ; Les Poilus (1926) ; Perpignan (1927) ; La Jonque de porcelaine (1927) ; La Fayette (1928) ; La passion de Jeanne d’Arc (1928) ; Il était une fois Napoléon (1929) ; Les Chats de Paris (1929) ; Don Juan (1930) ; Ode à Limoux (1930) ; Le Vert galant ; Allô ! Paris ! ; La Belle Aude ; En robe des champs (1934) ; Le Grand Prix de Paris ou Hippolyte (1936) ; À la Belle Étoile (1944) ; Jésus II (1947) ; François d’Assise (1960) ; Œuvres complètes (1961) ; la Cuisine paléolithique (1964) ; la Deltheillerie (1968).
Né de parents ariégeois, originaires de la région de Montségur - il y a un col del Teil non loin de Lavelanet - Delteil passe son enfance à Pieusse, tout près de Limoux. Son père Jean-Baptiste Delteil est bouscassier, charbonnier ; sa mère, Madeleine Sarda, est une paysanne dont la langue est le patois, terme que Delteil préfère à celui « savantasse » selon lui, d’occitan. C’est donc en patois que le jeune Joseph apprend à parler et cette langue se retrouve dans le français que l’écrivain Joseph Delteil va par la suite forger à son usage littéraire propre. Delteil est bon élève et après le collège de Limoux, il est accueilli au petit Séminaire de Carcassonne, ce qui lui permet de poursuivre des études et n’est pas pour déplaire à Madeleine, sa mère, très pieuse. Il adhère au Sillon, mouvement qui regroupe des chrétiens démocrates, très hostiles aux positions de l’Action française. Il publie ses premiers textes dans la revue locale du Sillon, Le Soc. Bachelier, il devient clerc de notaire à Limoux. C’est alors qu’éclate la guerre de 14-18 dont Delteil fait une évocation très forte dans son épopée Les Poilus. En 1926, il est affecté à Fréjus, au sein d’un régiment de tirailleurs sénégalais. Sans avoir rien fait pour cela, il se retrouve de fait protégé de l’horreur des combats et du front. Au sortir de la guerre, il publie avec succès son premier recueil Le Cœur grec (1919) que préface la poétesse roumaine, future grande résistante, Hélène Vacaresco. Delteil est à cette époque un fervent admirateur d’Henri de Régnier. Après un bref intermède comme fonctionnaire dans les Vosges, il arrive à Paris où il occupe divers emplois. En poste au ministère de la Marine marchande, il va mener une double carrière, puisque le temps qui échappe à ses tâches de rédacteur au ministère, est dévolu à son travail de création. Il se lie avec Élie Richard, directeur de la revue Images de Paris et publie un nouveau recueil Le Cygne androgyne (1921). Cette rencontre en occasionne d’autres qui, par leur importance, favorisent son entrée dans le monde littéraire d’avant-garde. Il écrit des nouvelles, dont certaines révèlent son esprit surréaliste, comme Iphigénie, publiée dans la N.R.F. Avec deux romans, Sur le fleuve Amour (1922) et Choléra (1923), Delteil est pleinement intronisé dans le mouvement surréaliste. Il noue à cette époque des amitiés essentielles, notamment avec des peintres comme Chagall ou Robert et Sonia Delaunay. La suite de l’aventure surréaliste est marquée par la rupture - il s’agit plutôt d’une éviction orchestrée par André Breton - avec le groupe. Il faut dire que la parution de Jeanne d’Arc, un an après Les Cinq sens (1924), a déclenché un scandale et une cabale dans des milieux très différents. Delteil travaille avec Carl Dreyer à une adaptation cinématographique dont il ne faut pas minimiser l’intérêt. Toutefois leur collaboration se passe mal. La passion de Jeanne d’Arc sortira en 1928. L’activité littéraire de Delteil ne ralentit pas : chroniqueur, de cinéma notamment, dans des revues très variées, il continue à livrer des œuvres dont la tonalité épique est dominante. Se succèdent alors dans cette veine, après Les Poilus : La Fayette ; Il était une fois Napoléon ; (Saint) Don Juan ; Le Vert galant. Parallèlement Delteil publie des essais dont Allô ! Paris ! passionnant ouvrage écrit avec Robert Delaunay (auteur de vingt lithographies sur Paris) ; et des textes, en 1927 et 1930, consacrés au Midi catalan et au Midi audois. Ce sont Perpignan ; Ode à Limoux ; puis La Belle Aude. Dans cette dernière, Delteil donne sa vision de l’âme toute orientale du Midi : « On dit : le Midi. Il y a mille Midis. Du moins en gros, il y en a deux : la Provence et l’Occitanie. La Provence est toute gréco-romaine, bien ancrée dans l’ordre de la nature, dans les lois de l’esprit. L’Occitanie, au contraire, me paraît essentiellement anarchique, excentrique, l’âme inquiète et rêveuse, l’imagination vagabonde. Elle est livrée sans merci aux souffles de l’esprit, lequel souffle où il veut. Je l’ai toujours vue, je la vois de plus en plus très wisigothe, avec de forts apports arabes et juifs ». Ailleurs, avec La Jonque de porcelaine (1927), c’est un petit bijou d’inspiration extrême-orientale, servie par un classicisme formel étonnant, que Delteil cisèle, témoignant par là de sa puissance imaginative. Dans sa vie parisienne, Delteil s’adonne à la littérature et au jeu, notamment aux courses, passion que l’écriture de la pièce de théâtre Le Grand Prix de Paris ou Hippolyte, en 1936, aura pour fonction de guérir. Pour subvenir à ses besoins, il s’est fait représentant en Blanquette de Limoux. C’est dans ce contexte qu’en 1930, il va faire la rencontre de Caroline Dudley, américaine créatrice de la Revue Nègre. Elle devient vite « princesse de Chicago et vicomtesse de Pieusse » et elle effectue avec Delteil de nombreux voyages en France et en Europe. En juillet 1931, Delteil tombe gravement malade. Hospitalisé, il est bien soigné, grâce à Caroline. Tous deux quittent alors Paris pour une période de convalescence qui marque en réalité le départ définitif vers le Sud-Est puis le Sud-Ouest. Le couple se fixe finalement à côté de Montpellier, puisqu’en 1937, mariés civilement, ils acquièrent, avec la sœur de Joseph, Marie Delteil, la Tuilerie de Massane et son domaine viticole situé sur la commune de Grabels. Pendant cette période, ils prennent aussi l’habitude de séjourner à La Galaube, dans la Montagne Noire, pendant les grosses chaleurs d’été. En 1935, Delteil rencontre Henry Miller, interlocuteur privilégié et ami d’une vie, au même titre que le couple Delaunay. Quand survient la guerre, Delteil, réformé, accompagnera son ami Robert, descendu à Montpellier, dans ses derniers instants. Il fait, pendant cette période sombre, la rencontre d’un autre peintre, Pierre Soulages, nouveau voisin installé au mas de la Valsière, près de la Tuilerie. S’ensuit une solide relation d’amitié entre les deux hommes. Au cours de ces années, la production littéraire de Delteil connaît une longue éclipse que n’interrompt pas vraiment la parution de florilèges comme À la Belle Étoile, en 1944. Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer ce silence de l’écrivain. Quoi qu’il en soit, il faut attendre Jésus II, en 1947, puis François d’Assise, en 1960, pour qu’ait lieu un retour sur la scène littéraire de celui qui délivre, au travers de ses œuvres et de ses personnages, une philosophie de l’existence. La Cuisine paléolithique (1964), La Deltheillerie (1968) en sont les derniers jalons. En 1961, avait paru le volume des Œuvres complètes, chez Grasset, qui n’ont de complètes que le nom puisqu’elles ne comportent que six œuvres. Les facettes de Delteil sont multiples et, à l’époque, on est sensible à celle de l’écrivain-paysan, qui cultive sa vigne à la Tuilerie, produisant un vin de médiocre qualité. On est attentif aussi à la force de son discours et de son chant en faveur de thèmes qui dans les années 68 et 70 sont portés par la jeunesse. De fait, Delteil accorde à la terre, au rapport avec la nature, à l’écologie, au combat contre le nucléaire, une place première. De même son goût de la langue le rend réceptif aux revendications en faveur des diversités linguistiques à sauvegarder. Le retour de Delteil dans la vie artistique et culturelle, au cours de cette ultime période de son existence, doit beaucoup à la fidélité de ses amis, poètes, journalistes, comédiens et metteurs en scène, lecteurs, qui contribuent fortement à faire (re)connaître son œuvre. En même temps, sa santé très fragile, de même que son attirance de plus en plus marquée pour une recherche intérieure et spirituelle, explique son retrait. Il autorise la publication de tous ses livres, sans restriction, en 1975, soit trois ans seulement avant sa mort. Caroline disparaît en 1982. Deux sites sont associés à cet anticonformiste, à la fois archaïque et moderne, de la littérature : Villar-en-Val où un sentier en poésie lui rend un hommage vivant et sensible par l’entremise de la nature ; La Tuilerie de Massane, où l’on imagine quelle maison d’écrivain originale pourrait restituer l’esprit d’une œuvre dans l’esprit d’un lieu.

Source : Gérard JEAN - Dictionnaire encyclopédique de l'Aude.


Particularités

 Chiens interdits


Photo N°0Photo N°1Photo N°2

Intérêt général

Marche d'approche

Difficulté d'Accès

Durée de la visite


Vue d'ensemble
  • Grande région

    Occitanie (76)

  • Ancienne région

    Languedoc-Roussillon (91)

  • Département

    Aude (11)

  • Commune

    Pieusse (11289)

  • Coordonnées

    43.07947,2.23589

SystèmeDatumnotationDefinitioncoordonnées Xcoordonnées Y
Lambert 93RGF93D.dEPSG:21546220322637724
Lambert II+NTFD.dEPSG:275721786310591784
UTM Nord fuseau 31WGS84D.dEPSG:326314769924437799
Lambert IIINTFD.dEPSG:275733086628591800
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Latitude LongitudeWGS84DMSEPSG:432643°4'46.106"2°14'9.193"
Latitude LongitudeWGS84D.dEPSG:432643.0794742.235887

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